Les préjugés autour de la santé mentale
- Dorlie Kabieni

- 18 juil.
- 3 min de lecture
On vit dans un monde où l’on pense encore que la santé mentale ne concerne que les « fous », les personnes déséquilibrées, les cas extrêmes. Pourtant, je vais commencer par une question simple, presque provocatrice : sommes-nous vraiment tous équilibrés ? Et qu’est-ce que cela veut dire, au fond, être équilibré·e ?
J’ai lu un jour dans un magazine de psychologie qu’au cours d’une vie, presque tout le monde traverse un épisode dépressif. Ce n’est pas toujours dramatique. Ce n’est pas toujours identifié. Parfois, les symptômes sont aussi banals qu’une fièvre : une fatigue écrasante, une perte d’élan, un manque de goût pour les choses qu’on aimait. Mais on ne le voit pas, ou on ne veut pas le voir. On se dit : “C’est rien, ça va passer.”
Et puis parfois, ça commence très tôt. Dans l’enfance, à l’adolescence. Avec les hormones, les blessures invisibles, les pressions, le silence. Et personne ne s’en rend compte, parce que dans notre culture, on banalise ce qui ne se voit pas.
Pourtant, la santé mentale, c’est ce qui structure notre vie, ce qui assainit nos relations, ce qui rend nos interactions plus paisibles. Quand on est acculé, qu’on a une charge mentale immense, on accumule de l’énergie négative, et on attire à soi des choses tout aussi négatives. Cela peut sembler ésotérique, mais même sur le plan énergétique ou scientifique, c’est une réalité.
La santé mentale est donc le fil conducteur de notre équilibre. Il ne s’agit pas de dire que tout le monde doit aller voir un·e psychologue. Il s’agit de reconnaître que nous sommes tous fragiles, au-delà de notre genre, et que cette fragilité humaine mérite d’être respectée.
Même si elle ne se manifeste pas de la même manière chez chacun, nous avons tous besoin de nous recentrer, de nous attacher, parfois même de nous nourrir symboliquement les uns les autres. L’être humain reste un animal — le seul doté de parole et d’intelligence — et c’est précisément pour cela que nous devons apprendre à canaliser nos instincts.
La folie, ce n’est pas que la démence clinique. On peut avoir des « moments de folie » : des accès de violence, des réactions démesurées. D’où l’importance, encore une fois, de préserver sa santé mentale.
La santé mentale n’est pas l’affaire des faibles ou des hypersensibles. Elle concerne tout le monde. Elle parle de l’équilibre que chacun doit entretenir avec soi-même et avec les autres. Parce que, souvent, on ne sait pas ce que l’autre vit, ni ce qui le fait réagir.
Alors si on commençait, dès aujourd’hui, à cultiver la communication non violente ? À changer nos phrases du quotidien : au lieu de « Pourquoi tu es rentré·e tard ? », dire « Tu vas bien ? ». Au lieu de critiquer un·e collègue qui « ne répond jamais aux mails » ou qui est « trop exubérant·e », se dire que nos codes sont différents, que nos histoires sont différentes. Le fameux « elle/il est spécial » qu’on aime tant employer peut être une forme d’agression, aussi banale soit-elle.
Protéger les autres, c’est se protéger soi-même. La santé mentale, c’est accepter qu’on ne sait pas comment l’autre va recevoir nos mots. Ce n’est pas se censurer ou brider sa pensée. Ce n’est pas installer une police de la pensée dans un monde devenu hypersensible. C’est simplement éviter les jugements hâtifs, refuser de mettre les gens dans des cases, reconnaître qu’on peut se tromper et demander pardon.
Ce qui nous divise par nos idées peut aussi nous enrichir. Ce n’est pas parce qu’on pense différemment ou qu’on vote différemment qu’on doit se détester. Beaucoup de responsables politiques se disputent dans les hémicycles et partagent un verre ensuite. Peut-être ont-ils tout compris, en fait : on peut se confronter sans se détester. On peut être profondément en désaccord, tout en continuant à s’aimer, à se soutenir, à être là les uns pour les autres.
Parce que c’est justement le repli sur soi, l’isolement, l’intolérance, qui créent les pires phénomènes.
Alors oui, la santé mentale commence aussi par là : cultiver la bienveillance, au travail comme dans nos relations. Chaque jour.
Prenons soin de nous, Votre working mum cabossée
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