Comment, pourquoi et quand parler de sexualité à nos enfants: Prévenir plutôt que réparer
- Dorlie Kabieni

- 28 juil.
- 6 min de lecture
On a tous connu ces jeux de l’enfance qu’on garde avec une grande culpabilité. Ce sont des jeux pas comme les autres. Dans certains pays, on parle de jouer au docteur, dans d’autres, on dit jouer au papa et à la maman, et ailleurs, on appelle ça les jeux impolis. Un enfant, en grandissant, a besoin de découvrir son corps et parfois celui de l’autre. Dans cette découverte, il y a la sensation du plaisir, qui surgit souvent dans des circonstances accidentelles… ou pas. En écoutant, en regardant, on découvre que cette partie entre les jambes peut procurer du plaisir. Enfant, on est dans l’insouciance totale.
Les limites sont floues, les barrières intrépides. On les franchit sans savoir quelles incidences cela peut avoir sur soi… ou sur l’autre. Puis arrive ce que j’appelle l’âge du jeune enfant. Après six ans, certains enfants savent, sans mettre de mots ; d’autres comprennent les choses plus clairement. On continue alors d’explorer, mais toujours avec des limites floues. On joue au docteur certains dans l’innocence totale, d’autres, déjà plus matures, avec une idée de ce que peut être la sexualité.
Et puis vient la préadolescence. C’est là que la bascule est fragile. Si on ne nous a jamais parlé des limites, si on ne nous les a jamais expliquées, certains enfants ne les mettent pas. Cette période est sensible, tout aussi dangereuse. Car même quand on connaît la limite, on peut ne pas la respecter.
Mais où est la place des parents dans tout cela ? Parce que la responsabilité n’est pas celle de l’enfant qui explore, mais bien celle du parent qui ignore. Parfois, par tabou, certains évitent de parler de sexualité, en se disant "ils sont trop petits". Pourtant, il est possible de s’adapter à leur langage. Certains parents se contentent de dire "ce n’est pas bien."Mais les enfants recommencent. L’interdit est une chose qui, à tout âge, attire. Plus on interdit, plus on désire. Et ça marche aussi bien chez les enfants… que chez les adultes.
Alors que faut-il faire ? Comment éviter à nos enfants des traumatismes ? Car oui, ça en est un, quand on refuse de voir ou de poser des limites car chez les enfants aussi, la notion du consentement est présente. Certains, devenus adultes, se contentent de dire : "Je n’avais pas dit oui. Mon cousin a voulu essayer sur moi." Quand on n’a pas donné à quelqu’un le droit de toucher notre corps, ça laisse des traces. Et même quand le consentement est donné, parfois, on regrette… parfois, on le vit mal.
J’ai entendu une maman, dans son podcast, dire que sa fille de trois ans se touchait les parties intimes. Non, ce n’est pas de la perversion c’est de la découverte. Et sa maman lui a simplement dit : "Ce sont des guilis intimes. Tu peux le faire, mais seulement quand tu es toute seule, sans personne à côté. Tu ne dois pas le faire devant les autres, et tu n’as pas besoin d’en parler, car c’est ton intimité."
Si je vais plus loin…Dans certaines cultures, on masturbe les petits garçons car le sexe en érection est vu comme un signe de bonne santé. Alors ces gestes, qu’ils soient faits par nous-mêmes ou par les enfants eux-mêmes, doivent être expliqués. Ce qui est fondamental, c’est d’évoluer avec son enfant.Si un enfant montre des signes à trois ans, il faut lui parler, l’accompagner. S’il montre des signes à sept ans, il faut lui parler, lui apprendre le respect de son corps, le respect du corps de l’autre, le sens des limites. La question n’est pas de dire que certains enfants sont en avance parce qu’ils explorent plus tôt, mais de s’assurer que chaque enfant, quel que soit son rythme, grandisse avec des repères clairs, du respect et de la sécurité.
La vraie question, c’est de protéger nos enfants. Car en les protégeant, on protège les autres. On en fait des adultes à l’aise avec leur sexualité. Des adultes surtout respectueux du sens des limites. Et si c’est un sujet tabou pour vous, des psychologues et sexologues spécialisés pour les enfants peuvent les accompagner. Le tout, ce n’est pas de contrôler ou de punir, mais d’accompagner, de dialoguer et de poser des bases solides pour qu’ils se construisent en confiance.
Surtout quand il y a un grand écart d’âge entre les enfants, quand l’un exerce une forme de contrainte sur l’autre oui, cela peut ébranler. Et il faut l’admettre. Il faut prendre le temps de s’entendre, de s’écouter. Peut-être même, de se demander pardon. Et, si besoin, se faire accompagner.
Alors, comment on vit avec ça, quand on est adulte ? Je ne le sais pas. Moi-même, j’ai vécu des expériences similaires, enfant. Et parfois, elles me reviennent…Avec beaucoup de culpabilité. Avec le sentiment que, si seulement on m’avait expliqué, ça aurait peut-être été plus simple. Aujourd’hui, je sais que le consentement, c’est très important. Et si pour les enfants, le mot viol est difficile à poser dans ces contexte et pose beaucoup de polemique on peut se mettre d'accord sur le fait que, c’est quand même plus simple d’admettre la souffrance ce qui est indispensable à la construction de chacun.
Alors qu’est-ce qu’on en fait, de tout ça ? Je ne sais pas.
Mais ce blog est un endroit où, ensemble, on évolue. Je ne sais pas beaucoup de choses. Alors j’écris. Pour qu’ensemble, on puisse partager, échanger, se libérer…Et peut-être trouver notre chemin.
Le mien, je le cherche encore. Je vois cette lumière au bout du tunnel…Mais plus je m’en approche, plus elle s’éloigne. Parfois, le chemin est boueux. Parfois, tortueux. Mais j’avance. Je tombe. Je me blesse. Et puis ça repart.
Tu n’es pas seul·e. Même dans le tunnel, tu peux croiser des gens comme toi. Et si on se tenait la main, l’épaule… ou que sais-je ? Pour tomber ensemble. Et se relever plus vite, plus fort.
La sexualité n’est pas un petit sujet. Elle fait partie de la vie. Du quotidien.Alors il faut briser les tabous, Pour se protéger, et pour protéger les autres.
C’est tout ce que je sais. Être responsable. Devant nos enfants. Pour faire d’eux des êtres sains, responsables.
Car si nous avons connu le chemin le plus difficile, Nous pouvons leur tracer un autre chemin.Moins boueux. Moins tortueux. Plus verdoyant. Un chemin où le soleil brille chaque jour. Pour que, s’ils tombent,Ils aient toujours un horizon moins sombre à regarder.
Alors, mon petit Romaric, toi qui auras bientôt un an…
Tu vacilles, tu joues dans l’insouciance, et c’est si beau à voir.
Mais ce que je sais, c’est que tu ne seras jamais en retard, jamais en avance.
Tu auras ton chemin à toi, et sur cette route, nous t’accompagnerons.
À devenir un être sain, attentif aux autres, Pour grandir, un jour, en un homme bien.
Le but, ce n’est pas de faire de toi un homme parfait.
Mais un homme qui sait entendre le "non" d’une femme,
Qui saura demander : "Es-tu d’accord ?",
Et qui ne prendra jamais l’hésitation pour un oui.Car quand on hésite, c’est que la décision n’est pas là.Et c’est à ce moment-là que tu sauras dire : "Je peux attendre. On remettra ça à demain. Ou à un autre jour. Celui où ton oui sera plus entier."
C’est de cet homme-là dont je parle.
Mais pour l’instant… vis ta meilleure vie de bébé.
Sache simplement que nous grandirons avec toi, à ton rythme.
Pas pour faire de toi un "féministe",
Mais un homme respectueux des droits de tous les êtres vivants,Et respectueux de lui-même.
Tu tomberas, bien sûr. Mais nous serons là.
On ne t’épargnera pas les "non",
On ne t’évitera pas les responsabilités de tes actes.
On sera là, même pour t’aider à "purger tes erreurs" pas comme dans The Wolf of Wall Street, mais plutôt à la manière de Wall Street (1987) : là où un jeune homme, séduit par l’argent facile, découvre les zones grises des métiers qui l’attirent, et où son père, malgré tout, reste présent pour l’accompagner dans la chute et vers une réparation.
À tous nos enfants : On vous guidera — pas pour marcher à votre place,Mais pour vous rappeler que l’humanité commence dans le respect, Et que l’amour, le vrai, ne prend jamais sans s’assurer qu’il est bien reçu.
Votre working mum, qui ne sait rien… mais veut tout apprendre avec vous.
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