Ces tests de grossesse négatifs qui nous ébranlent
- Dorlie Kabieni

- 19 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 juil.
Ces tests de grossesse négatifs qui, parfois, nous laissent KO. Qu’on essaie d’avoir un enfant ou qu’on ne le souhaite même pas… il y a dans ces quelques secondes d’attente, dans ce résultat négatif, quelque chose qui peut profondément nous bouleverser.
Pour moi, faire un test de grossesse a souvent été comme la perte d’un espoir. Et je le dis avec une grande pudeur, car je sais que cela ne se compare pas à la douleur de celles et ceux qui ont perdu un enfant. Mais il s’agit malgré tout d’un deuil. Un deuil invisible. Celui d’un espoir : celui de sentir grandir un être en soi, de pouvoir le porter, l’accoucher, le chérir, l’accompagner.
Oui, même quand on ne veut pas d’enfant, même quand ce n’était pas prévu, ce petit test négatif peut remuer quelque chose de très profond. C’est une forme de vide. Une étincelle qui s’éteint. Une projection minuscule, une image fugace qu’on avait commencée à dessiner malgré nous.
Et ça, c’est un deuil. Car dans nos vies, il y a plusieurs types de deuils, et celui-là en fait partie.
On se dit : « Ce n’est pas grave. De toute façon, je ne voulais pas vraiment. » Mais quelque part en nous, une voix murmure : « Et si… ? »Et ce « si », aussi fragile soit-il, peut suffire à faire naître une douleur. Un pincement au cœur. Un vide. Une tristesse qu’on n’arrive pas à justifier. Et pourtant, elle est là, bien réelle.
Ne sous-estimons pas ces petites choses qui, vues de l’extérieur, paraissent banales, mais qui nous ébranlent intérieurement. Parfois, ce test déclenche des questions existentielles, fait surgir nos fragilités les plus enfouies. Certaines personnes le vivent avec violence, surtout quand on ressent les choses intensément. D’autres s’efforcent de passer outre, mais avec difficulté.
Oui, on a le droit d’être triste pour ce genre de choses. Ce ne sont pas « des détails ». Ce sont des choses profondément humaines. La maternité, aujourd’hui encore, nous renvoie à une injonction de reproduction, mais aussi à ce besoin d’exister, de se sentir légitime en tant que femme. Alors c’est dur, parfois, de trouver sa place en dehors de ce rôle. Et même quand on pense ne pas vouloir d’enfant, il suffit d’un retard de règles, d’un test, pour que quelque chose s’allume. Un espoir. Un frisson. Puis plus rien.
Et dans ce « plus rien », il y a la chute. On se demande : pourquoi mon corps m’a envoyé tous ces signaux ? Pourquoi j’ai cru ressentir quelque chose ? Pourquoi y ai-je cru, au fond ? Alors la colère monte. Ou les larmes, en silence. On vit un petit deuil, mais personne ne le voit.
Et autour de nous, on entend souvent des phrases qui blessent : « Ce n’est pas grave, au moins ce n’était pas prévu. » « Tu as le temps. » « Tu en auras un jour. » Mais en réalité, on ne veut pas entendre ça. Parce que ce n’est pas toujours une question de projet, de timing, de biologie. C’est une question d’émotion, de ce qui s’est réveillé en nous.
L’incompréhension des autres, même involontaire, peut résonner en nous comme des micro-agressions. D’où l’importance de bien choisir à qui on se confie.
Certaines personnes, même proches, peuvent être maladroites et nous blesser davantage. Moi-même, j’ai déjà eu ce réflexe de me confier, pour finalement me sentir encore plus mal après. Désormais, je choisis mon cercle. Je sais qui a cette capacité d’écoute, de maturité émotionnelle, qui comprend mes défis, mon contexte de vie. Parce que beaucoup de gens pensent nous connaître alors qu’ils ne voient qu’un fragment de ce que nous vivons.
Et si on n’a personne de confiance, il y a d’autres options. Une séance chez un psy, si c’est possible. Et si ce n’est pas accessible, il existe des lignes d’écoute gratuites dans plusieurs pays. Moi, parfois, je vais à l’église. Je parle à un prêtre. Un jour, j’étais si mal que je suis entrée et j’ai demandé à parler sous le secret de la confession. J’ai dit : « J’ai honte. J’ai peur de ce que je vais vous dire. » Il a souri et répondu : « Vous savez, j’ai tout entendu. Rien ne me choque. »On a ri. Et j’ai parlé. Et j’ai pleuré. Et ça m’a fait du bien. Ce n’était pas un psy, mais c’était une oreille bienveillante, sans jugement.
Alors oui, n’ignorez rien de ce qui vous fait mal. Même un test de grossesse négatif, même sans projet bébé derrière, peut bousculer profondément. Il peut désorienter, faire naître une forme de chute intérieure. Il peut être le début d’un mal-être, ou révéler une blessure ancienne.
Ne nie pas cette douleur. Pleure si tu en as besoin. Crie. Écris. Parle. Trouve les bonnes personnes. Celles qui écoutent avec douceur. Ou parle à toi-même. Écris. Laisse les pensées venir et repartir. Un jour, la force reviendra. Elle viendra peut-être de ton ange gardien, de l’univers, de ce en quoi tu crois.
Et si tu en ressens le besoin, parle aussi avec ton compagnon. Ce test, ce moment, a-t-il réveillé en toi un vrai désir d’enfant ? Une blessure ? Une peur ? À quoi cela fait-il écho ? Comprendre ce qui t’a tant bouleversée, c’est le premier pas pour avancer.
Ce que je veux te dire aujourd’hui, c’est que tu as le droit :
de pleurer
d’être triste
d’avoir mal
même quand « il n’y avait pas de projet bébé »
même si les autres ne comprennent pas
Parce que ce que tu ressens est légitime. Et ça mérite d’être reconnu, respecté, écouté.Alors faisons, ensemble, le deuil de ces tests de grossesse négatifs qui nous ébranlent. Parlons-en. Osons dire que ce n’est pas rien.
Votre Working mum cabossée et son test de grossesse loupé
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