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La quête de complétude : et si on déconstruisait ensemble le mythe de la maternité qui répare

  • Photo du rédacteur: Dorlie Kabieni
    Dorlie Kabieni
  • 6 mai
  • 3 min de lecture

J’ai souvent entendu des femmes dire que la maternité les avait remplies, qu’elle avait comblé un vide, apaisé les douleurs, soigné les blessures de la vie. On nous a souvent présenté cette expérience comme une évidence : belle, pleine, réparatrice. Mais la vraie question est là : vivons-nous seulement à travers nos enfants ? Sommes-nous encore réduites à être des mères, comme cela fut le cas pendant des siècles ? Est-ce uniquement par la maternité que l’on peut ressentir ce sentiment de complétude, cette sensation d’être enfin entière ?

Certain·e·s se sentent rempli·e·s par leur travail, d’autres par leur passion. La maternité n’est pas le seul chemin vers l’accomplissement de soi. Et parfois, c’est l’inverse qui se produit. On tombe de ce piédestal idéalisé. À mon accouchement, je me suis sentie vide. Comme si mon être avait été absorbé dans le tourbillon de la grossesse. Une réalité froide, brutale, silencieuse. J’avais honte d’avouer ce vide. Je ne savais plus qui j’étais : mère, femme, fille, enfant... J’étais devenue mon ombre.

Je pensais que cet amour serait instinctif, qu’il guérirait tout. Mais non. Ce vide-là, aucun autre être ne pouvait le combler. Et vouloir qu’un enfant le remplisse, c’est lui donner un poids immense, un pouvoir trop grand. Je repensais à ces mères fusionnelles, à ces enfants rois, à ces liens si forts qu’ils deviennent étouffants. Je ne voulais pas cela. Je voulais comprendre. Trouver l’équilibre. Créer un lien sain, dans lequel ni lui ni moi ne porterions les attentes de l’autre.

Et j’ai compris. Pour permettre à mon enfant d’exister librement, je devais d’abord exister pour moi. Être. Tout simplement. Être femme, être vivante, être en paix.

Alors, mon cher fils, merci.

Grâce à toi, je comprends que je dois vivre pour mieux t’aimer. T’aimer sainement. T’aimer sans te posséder. Tu choisiras qui tu veux être. Je ne ferai jamais peser sur toi mes espoirs non comblés.

Je te transmettrai le meilleur de mon héritage et tout ce que j’aurais choisi de garder de mon éducation.

Tu seras toi. Rempli d’amour. Et tu sauras que quoi qu’il arrive, tu pourras toujours revenir à la maison. Avec toi, j’ai signé pour la vie un contrat silencieux : celui d’un amour infini, imparfait, mais inconditionnel.

Ta mère. Parfaitement imparfaite.


À toutes les femmes qui, comme moi, ont ressenti ce vide…

Vous n’êtes pas seules.

Nous sommes là. Toutes. Silencieuses. Honteuses parfois. C’est difficile, je le sais. Je l’ai senti dans ma chair, ce feu qui nous consume et dont on pense qu’on ne sortira pas. Ça secoue, ça bouleverse. Et peut-être que c’est ça, le rôle d’un enfant : nous remuer, nous forcer à retrouver un équilibre.

Avec nos enfants, on peut réécrire l’histoire. On peut ouvrir une page blanche et commencer à être – pour nous, mais aussi pour eux. Parce qu’un enfant n’a pas besoin d’une mère parfaite. Il a besoin d’une mère vivante, d’une mère en chemin, d’une mère qui s’aime un peu plus chaque jour. L’énergie circule. Si vous prenez soin de vous, vous prendrez soin de lui, d’eux, naturellement. Trouvez votre équilibre ensemble.

Et parfois, cela passe par accepter les mains tendues, par oser demander de l’aide, crier, frapper aux bonnes portes. Il faut choisir les relations qui nous élèvent, et laisser de côté celles qui exigent qu’on se suradapte pour exister.

Dans nos sociétés francophones, demander de l’aide est souvent perçu comme un échec. Ensemble, on déconstruira cette honte. On brisera ce silence. Tenez bon. Ce que vous ressentez maintenant ne durera pas toujours. Un jour après l’autre, une nuit difficile après l’autre, prenez des forces là où vous le pouvez. Petit à petit, vous relèverez la tête, et un jour, presque sans vous en rendre compte, vous ne vous souviendrez même plus de la douleur d’avant.

Ayez encore un peu confiance. En vous. En votre lumière. En votre force, même cabossée. Vous êtes belles. Vous êtes puissantes. Même dans la détresse.


Avec tout mon amour,Une working mum cabossée, mais debout.


 
 
 

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