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L’accouchement, parlons-en.

  • Photo du rédacteur: Dorlie Kabieni
    Dorlie Kabieni
  • il y a 6 jours
  • 3 min de lecture

Je m’étais tellement projetée dans mon accouchement. J’avais imaginé ces femmes autour de moi, qui m’auraient parlé, écoutée, qui m’auraient aidée à vivre l’accouchement dont je rêvais.Mes dernières visites à la maternité se sont passées de manière expéditive. Mais sommes-nous là pour critiquer les maternités ? Non. Nos maternités sont composées de femmes qui donnent sans rien attendre en retour, dans un système où les disparités leur prennent tout. Ces femmes font avec le cœur, sans compter. C’est un métier qu’elles ont choisi par pure passion. Parfois, bien classées à la fac de médecine, elles choisissent volontairement d’intégrer un corps de métier où elles savent qu’elles gagneront plus en remplissant leur cœur que leurs poches.Néanmoins, ces disparités déteignent sur beaucoup de choses. Nous arrivons à l’hôpital avec tellement de besoins, tellement d’attentes, que tout cela est absorbé par le nombre, par le travail à la chaîne. Et nous perdons, toutes, un peu de cette passion : nous, les femmes qui accouchons, la passion de vivre l’histoire de notre vie — une rencontre inoubliable — et, pour ces soignantes, celle de nous accompagner à écrire la nôtre, qui commence précisément ce jour-là.

Que l’on ait écrit un plan de naissance ou pas, nous avons des attentes : avec ou sans péridurale, accouchement physiologique ou médicalisé, on a une petite idée de ce que l’on souhaiterait ce jour-là. Le jour où l’on écrit une nouvelle histoire. Pour beaucoup, après avoir traversé les cimes de la vie, on veut saisir cette chance d’écrire une histoire nouvelle : la nôtre, qui ne ressemblera à aucune autre, ni à ce que l’on a vécu, ni à ce que l’on a vu. Notre histoire à nous.

Mais parfois, nous ne nous rencontrons pas. Nos désirs ne se croisent pas. Comment l’expliquer, puisque nos souhaits sont les mêmes ?Nous sommes, malheureusement, nombreuses à ne pas avoir pu nous exprimer — plus qu’à avoir été mal entendues. Je me souviens être arrivée à la maternité, fière, en attente, comme je l’avais vu dans ces groupes de femmes qui accompagnent, qui tiennent la main, qui massent le ventre.Dans beaucoup de cultures, l’accouchement est une affaire de femmes, entre femmes. On s’écoute, on partage, parfois même on porte sur ses genoux une autre femme. C’est un rituel qui nous appartient, qui fait de nous des femmes fortes. C’est notre monde à nous, où nous créons la vie, où nous l’enfantons avec grâce.

Mais c’est un environnement individuel que j’ai ressenti. Nous venions déposer, et elles recevaient.Dès le départ, j’ai essayé de parler, de dire ce que mon cœur souhaitait, ce que, au fond, je voulais. J’ai quand même essayé de dire sans trop déranger que je voulais un accouchement naturel. Je voulais être connectée aux femmes de ma lignée, enfanter dans la douleur, me reconnecter au passé, écrire mon histoire de cette façon-là.À l’opposé, j’ai entendu, en filigrane, la dureté d’un métier, et qu’il ne fallait pas que j’en rajoute, que c’était déjà difficile comme conditions de travail. Alors, je me suis sentie seule.Un écart s’était créé entre nos deux mondes. Il était là.

Alors, seule, sans méthodes, sans personne, j’ai géré ma douleur avec ce que j’avais vu sur Internet. J’ai passé le temps comme j’ai pu : un jeu de cartes avec mon compagnon pour me distraire, regarder une série qui me passionnait…Puis je suis entrée dans le périple de ce qu’est la vraie douleur. Ne plus entendre autour de soi, ne plus parler. Ce stade si compliqué, où l’on a juste envie de crier.Et comme si cela ne suffisait pas, la gastro m’avait eue : diarrhée, vomissements en même temps…

Ça aussi, il a fallu que je le gère. À chaque contraction, c’était la fête… À seulement 4 doigts de dilatation, j’étais déjà épuisée, seule face à tout cela.


Alors, j’ai vite demandé à entrer dans le bain. Après avoir vu des femmes le faire sur TikTok, après avoir entendu que cela calmait, relaxait…

J’entrais donc dans ce fameux bain. Les trois premières minutes, le temps me parut long. Très vite, je réalisais que pour moi, le bain amplifiait la douleur au lieu de l’apaiser.

À ce moment-là, je respectais profondément toutes les femmes qui donnent la vie, tout simplement. Qui donnent l’amour, tout simplement.

 
 
 

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