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Grossesse au Bureau : Pourquoi culpabilise t-on encore ?

  • Photo du rédacteur: Dorlie Kabieni
    Dorlie Kabieni
  • 1 mai
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 mai

Nous sommes nombreuses à l’avoir ressenti : cette étrange pression, presque sourde mais bien réelle, qui nous tombe dessus dès que nous annonçons notre grossesse. Pour certains employeurs ou superviseurs, c’est comme un tsunami. Une vague dévastatrice qui emporte tout sur son passage. Derrière leurs sourires polis, ce qu’ils perçoivent surtout, c’est la charge de travail que nous allons « leur laisser » pendant notre congé maternité. Un congé qu’ils imaginent comme un long moment d’oisiveté : dormir, changer des couches, flâner. À leurs yeux, nous devenons inutiles, dispensables, hors-jeu.


Alors, pour réparer les dégâts supposés de ce "tsunami", nous nous sommes surpassées.

Nous avons voulu prouver que nous étions toujours dans la course. Que nous étions, au fond, de bonnes "pompières", capables de contenir l’incendie.

Nous avons refusé de prendre des jours de congé.

Nous avons travaillé plus qu’avant.

Nous nous sommes jetées à corps perdu dans nos tâches pour qu’ils n’aient pas le moindre doute : nous méritons notre place.


Le sentiment d’abandon, c’est nous qui l’avons porté.

Comme si, en tombant enceintes, nous avions trahi l’équipe, trahi la mission, trahi le poste.

Certaines ont travaillé jusqu’au dernier jour. D’autres ont continué même après la naissance.

Sans lâcher prise. Par peur d’être effacées, oubliées.


Et cette honte, elle n’était pas de leur côté. Elle était dans notre camp.

Comme si nous étions revenues en arrière. Comme si tous les acquis des années précédentes – la reconnaissance, la légitimité – s’étaient envolés.

Nous étions à nouveau ces femmes qu’on disait "inutiles" dès qu’elles devenaient mères.

Des femmes qu’on met au placard, qu’on regarde avec pitié ou agacement.

Alors, pour rester debout, nous avons porté cette honte, et nous nous sommes surmenées.

Comme des personnes à qui on venait de retirer un droit.


Combien sommes-nous à avoir augmenté notre charge de travail pendant notre grossesse ?

À avoir pris des risques ?

À nous être portées volontaires pour tout, pour prouver que "la chienne" pouvait encore courir ?


Car oui, dans leurs yeux, nous étions fautives.

Coupables d’avoir commis le plus grand crime : donner la vie.

Selon eux, n’était-ce pas notre "véritable fonction" ? Pourquoi donc nous avaient-ils recrutées ?

Il fallait les rassurer, les convaincre que nous valions encore la peine.

Et ce congé maternité, nous l’avons vécu comme une trahison. Un péché.


Pourtant, nous donnons la vie.

Nous faisons grandir l’humanité – y compris nos bourreaux parfois – sans jamais leur enseigner la compassion, ni le respect de la mère humaine.


Le plus cruel, c’est que nous avons nous-mêmes donné le bâton pour continuer à nous faire battre.

Je pensais que cela n’arrivait qu’aux autres. Mais est-ce vrai ?


Donner la vie est un acte magnifique. On nous dit que nous sommes "chouchoutées".

Mais en réalité, ils s’en moquent. Car à ce moment-là, nous redevenons, à leurs yeux, le "sexe faible".

Et pourtant, ce sexe-là leur a donné naissance.


Alors qui blâmer ? Eux ? Ou nous, qui avons intériorisé cette honte au point de la porter comme un fardeau ?


La grossesse, ce ventre rond, dévoile l’indicible : la sexualité, le fruit interdit, l’acte "originel".

Et dans cette lecture archaïque, la femme reste la plus punie.

C’est elle qui a voulu goûter au fruit. Elle qui porte la vie. Elle, donc, qu’on continue de punir.


Mais si, au lieu de tendre le bâton à nos bourreaux, nous commencions par leur tendre de l’humilité, du respect, et de la bienveillance ?

Et si nous élevions une génération d’hommes et de femmes capables de respecter la vie, de lui donner du repos, de soutenir la chaîne de l’humanité sans nous enchaîner ?


C’est complexe, mais aussi terriblement simple.


Votre working mum cabossée

 
 
 

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