Cette amie à qui on peut tout dire : Amitiés, blessures et renaissance
- Dorlie Kabieni

- 16 mai
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 mai
On a tous besoin de cette amie, celle à qui on peut tout dire, sans tabou, sans détour, sans cacher quoi que ce soit. Celle avec qui on peut être pleinement soi. Enfant, c’est si simple : on se pardonne tout, on se fâche puis on se réconcilie. À l’adolescence, ça se complique. On expérimente la jalousie, on compose avec des personnalités différentes. C’est un âge où le besoin de plaire et de s’intégrer est si fort qu’on feint parfois d’être quelqu’un d’autre, ou bien ce sont les autres qui font semblant — et on le sent, on le voit. C’est un âge où l’on n’est pas encore assez mature pour comprendre le mal-être des autres ; on peut très vite être dans le jugement, ce qui peut isoler.
Puis arrive le début de la vingtaine… ah, cette période qui prolonge l’adolescence avec les premiers amours, les premières peines. À ce moment-là, le besoin d’une amie est fort. Mais encore une fois, la maturité n’est pas toujours au rendez-vous, et cela peut devenir très toxique. J’ai eu bien plus de relations amicales toxiques dans la vingtaine, parce que, comme Christiane Taubira l’écrivait dans Murmures à la jeunesse, « la vingtaine est l’âge de la fragilité », car c’est l’âge du questionnement. C’est une période où tous nos maux semblent resurgir, où l’on est très vite happé par des relations malsaines, où l’on peut être instrumentalisé parce que le besoin d’exister pour quelqu’un ou quelque chose est si puissant. Et parfois, l’amie ne comprend pas, et nous non plus. Alors on se déchire, on se sépare, on se cause des blessures que notre âme n’oublie pas.
Les chagrins d’amitié peuvent être bien plus douloureux que ceux de l’amour. Ils peuvent nous ébranler jusqu’à nous faire perdre pied. On a du mal à dire non, par peur de vexer, de froisser. On réfléchit trop à ce que l’on fait, à ce que l’on dit. Trouver une amie dans ce contexte de fragilité est loin d’être évident. Pour nous, les femmes, c’est parfois encore plus dur : les questionnements sur la sexualité, le couple, le désir de maternité, cette pression sociale constante, ce besoin d’exister à travers un rôle — compagne de, maman de… Et tout cela, on aimerait pouvoir le partager avec une amie, dire nos craintes, nos émotions, nos émois, sans craindre d’être jugée.
Mais parfois, on se retrouve dans des soirées où, pour apaiser ses propres insécurités, on agresse, on projette ses peurs, on rabaisse l’autre pour se rassurer. La maturité manque encore. Alors trouver cette amie avec qui on peut se fâcher et se réconcilier, se parler franchement, avoir des conflits sains, devient rare.
La trentaine arrive parfois comme un choc, et là, on comprend. On fait le tri. On met de l’eau dans son vin. On accepte qu’on a, nous aussi, été le problème. C'est un age ou on approche la maturité, on est plus liberée et plus à l'ecoute, sur ses emotions ses desirs ses envies. Une actrice, dans une interview, disait justement à la fin de sa vingtaine : « 50 percent accountability » — on a toujours notre part de responsabilité, à hauteur de 50 %, dans chaque situation. On accepte plus facilement notre responsabilité on comprends nos schemas de fonctionnement, meme si on les répètes encore et parfois. On comprend que : notre histoire de vie nous conditionne, parfois, à subir plus qu’agir, à ne pas savoir dire non. Là encore, tomber sur de mauvaises amies peut être destructeur.
Si j’avais ma petite sœur en face de moi, je lui dirais : ne perds pas ton temps dans des relations qui ne fonctionnent pas, dans lesquelles tu donnes bien plus que tu ne reçois. Oui, il y a des relations certes déséquilibrées ou on ne donne pas de la meme maniere là n'est pas le problème, car dans une relation saine, chacun donne à tour de rôle, selon les moments de sa vie, ses difficultés à un instant T. meme si c'est dur à comprendre et à se rendre compte qu'en réalite ce n'est pas un désequilibre mais qu'une simple question de temps et de ciconstances. Alors, passe sur ces amitiés ou tu donnes et ou l'autre refuse de voir ce que ca te prend, ou, ce que ca te coute. Poses-toi cette question : « Et si l’autre était à ma place ? » Les anglophones disent “Put your shoes in my basket”.
Préserve ton cœur, ton âme, des blessures inutiles qui peuvent t’abîmer à vie.
Change, avance. Certaines relations resteront, d’autres nécessiteront de la distance pour mieux se retrouver. Suis ton instinct, cette petite voix qui te dit que cette personne n’est pas faite pour toi — même si tu l’aimes beaucoup. Parfois, aimer trop peut nous faire perdre. L’équilibre est difficile à trouver. Apprends à accepter les autres tels qu’ils sont. Il y a des amis avec qui tu ne pourras parler que d’enfants, d’autres avec qui tu ne parleras que de sexe, d’autres encore de travail. Et c’est OK.
Saches qu'il faut du temps et de la maturité pour trouver cette personne avec qui tu pourras tout partager. Et c’est une richesse. Parfois, on la trouve dès l’enfance ou l’adolescence, je ne dis pas le contraire. Mais parfois, il faut du temps pour faire tomber les barrières et pouvoir tout se dire. C’est cela, la richesse d’une relation : tout partager, tout en gardant son jardin secret. Il est précieux de cultiver cet espace à soi, de garder des choses rien que pour soi.
Et puis, il y a la thérapie, que je considère aujourd’hui comme l’un des meilleurs moyens de te découvrir et de t’ancrer en toi-même. Si j’avais su, j’aurais commencé la thérapie dès les premières années de la fac, à ce moment où l’on se cherche, où l’on se demande qui on veut être et ce que l’on veut faire. D’ailleurs, à l’université, les psychologues sont souvent gratuits. Profite de cette opportunité. Tu connais l’adage : « Bien dans sa tête, bien dans son corps » ? Il faut déconstruire l’idée selon laquelle les psychologues sont là uniquement pour les personnes présentant des troubles mentaux. Un psy, c’est une écoute, une oreille neutre qui t’aide à prendre du recul, à te comprendre, à gagner en confiance, à sauver un temps précieux en évitant de te perdre dans des relations toxiques. La thérapie t’aide à t’orienter vers ton propre équilibre, à devenir un sujet — à être toi, pleinement, sans avoir besoin d’exister dans le regard de l’autre ou à travers une relation. C’est un espace sacré où tu peux tout dire, sans peur d’être jugée ni trahie, car tout y est protégé par le secret professionnel.
Je n'en doute pas tu trouveras cette personne, celle qui aura un sens profond de la loyauté. Celle qui, même si la vie vous éloigne, ne trahira jamais ta confiance. Tu la trouveras, car la vie est bien faite. Et parfois, il faut juste croire en sa bonne étoile : elle t’enverra cette personne.
Et tu sais quoi ? À moi, tu peux tout dire. Je suis muette comme une carpe (morte de rire) ! Mais oui, tu peux tout me dire, et on peut parler de tout, sans tabou.
Votre Working mum cabossée parceque oui en amitié, j'ai donné, perdu, je me suis laissée abimer, j'ai beaucoup pleuré, certaines amitiés m'ont laissé des blessures si profondes que à vie je porte alors meme que si j'avais ecouté mon instinct, j'aurai pu m'en epargner.
Et parceque je ne suis pas sainte, je me doute que j'ai heurté certainement moi aussi mais tout ca pour aujourdhui connaitre la valeur des gens que j'ai à mes cotés, des gens que j'ai choisi, cette fois-ci, et que, precieusement je garde, un big up à ma sweat love Audrey, merci d'etre cette personne pour moi. Et sachez que vous pouvez me dire tout ce que vous voulez, j'ecouterais sans jugement et surtout dans la bienveillance.
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